Anatomie de la douleur, signal d’alerte de notre corps
La douleur est un signal d’alerte de notre corps.
Son essence par définition désagréable et pénible, font que l’on cherche à tout prix à s’en débarrasser. La lutte contre la douleur est (ou devrait être) l’une des préoccupations prioritaires de la médecine.
Les points importants
La douleur est une sensation perçue par le cerveau. Il n’y a rien de plus virtuel que la douleur et pourtant c’est un phénomène bien réel. Ce paradoxe peut se comprendre si on l’assimile à un appareil de projection photographique qui projette une image sur un écran. Pour que l’image existe, il faut un émetteur de lumière, un milieu qui transmet la lumière et un écran pour visualiser l’image. Cette image que nous voyons sur l’écran est totalement virtuelle, de la même façon que la diapositive qui a donné naissance à l’image n’a rien à voir avec le paysage réel qui est projeté sur l’écran. Et pourtant on s’y croirait, il suffit d’oublier qu’on n’est pas dans une salle de projection, mais bel et bien dans la réalité.
Le mécanisme de la douleur est transposable : pour qu’il y ait douleur, il faut qu’il y ait une cause au départ : c’est la réalité, le paysage réel qui a été photographié. Si on transpose pour la douleur, la réalité, c’est l’agression. Tout ce qui suit est totalement virtuel : l’agression est transformée par les cellules sensitives en influx nerveux qui va parcourir les nerfs. Ce sont eux qui servent à transmettre l’influx. Ensuite, ce message doit être décodé par des structures situées sous le cerveau qui la projettent sur l’écran géant et intelligent qu’est le cerveau. Cette image que le cerveau perçoit est virtuelle, et pourtant la douleur ressentie est bien réelle.
Parfois, l’image a disparu, mais la douleur est encore là, comme un souvenir douloureux. Et parfois enfin, l’image est encore là dans la tête alors que l’agression n’existe plus : le cerveau la recréée. C’est cela qui fait que la douleur est un phénomène complexe.
Le trajet de la douleur
Première étape : l’agression, l’origine
Notre corps dispose de récepteurs à la douleur. Ils sont situés sur la peau et les muqueuses (bouche, nez, vagin etc.). Ce sont eux qui nous donnent ce qu’on appelle la sensibilité superficielle.
D’autres récepteurs, plus profonds et adaptés à d’autres types de stimulation siègent dans les organes, les os et les articulations : c’est la sensibilité profonde. Quand les récepteurs sont stimulés par une agression (piqûre, chaleur, etc.), au delà d’un certain seuil tolérable, l’information est envoyée sur les nerfs sensitifs. Ce phénomène est applicable de la même façon pour les viscères (estomac, utérus, etc.)
Deuxième étape et troisième étape : la transmission, le réflexe
Toutes ces informations douloureuses sont véhiculées par les nerfs sensitifs qui convergent vers la moelle épinière, dans une zone qu’on appelle la corne postérieure. Tous les nerfs sensitifs convergent vers cette corne postérieure qui transporte ce que les médecins appellent les sensations « nociceptives », en d’autres mots… la douleur.
L’influx nerveux qui transporte l’information douloureuse remonte vers le tronc cérébral, qui est la structure située en dessous du cerveau. La moelle épinière remonte donc les informations en provenance de tout le corps. La tête est un cas particulier car les nerfs sensitifs qui font partie des 12 nerfs crâniens aboutissent directement au tronc cérébral.

Troisième étape : le message
Les informations subissent un croisement, c’est à dire que toutes les douleurs en provenance de la moitié droite du corps vont être intégrées par le cerveau gauche et inversement.
Quatrième étape : la réception, la douleur
Les influx nerveux douloureux (les influx nociceptifs) sont décodés par le thalamus qui est une structure du tronc cérébral. Chaque thalamus (un de chaque côté) transforme ces influx en une information compréhensible par le cerveau. Celui-ci joue le rôle d’un écran intelligent qui recueille toutes ces informations pour se les représenter. C’est grâce au cerveau que l’on sait que l’on s’est piqué dans une zone précise du gros orteil par exemple, et que cette piqûre a vraisemblablement été provoquée par une écharde, tout simplement parce qu’on marche pieds nus sur un parquet en chêne. Ce que ni la peau, ni les nerfs, ni la moelle, ni même le thalamus ne savent, le cerveau le sait, car il possède un outil extraordinaire pour cela : la mémoire.La compréhension qu’il a du phénomène, conditionnera la façon qu’il a d’interpréter la douleur.
C’est ainsi que la même stimulation provoquera chez quelqu’un un hurlement de douleur, alors que pour un autre, l’agression sera considérée comme négligeable.
C’est donc à cause du cerveau que la douleur est ressentie de façon très diverse selon la culture, les expériences antérieures et l’éducation propres à chacun. Mais ça, c’est une autre histoire.
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